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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 15:05

 

JODI, LE BROL

Le blog de Jodi ("Jodi le blog") est devenu, depuis janvier 2011, une lettre d'information: Jodi le brol*
Lettres d'information (soki News of the World... soki mabanga !)

Didier de Lannoy
2011


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Une autre bonne page (et quelques autres paroles bien frappées) de
Polydor-Edgar M.M. Kabeya
 parue(s) dans la presse kinoise (L'Avenir du 18 juillet 2011):


Ah, ces querelles ethniques belges...



Je

-La chefferie flamande et la chefferie wallonne (et la sous-chefferie des Germanophones) qui se disputent le centre extra-coutumier de Bruxelles ? Waow  !
diffuse


ddl

alias VbD  
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Ah, ces querelles ethniques belges !
Un article de Polydor-Edgar M.M. KABEYA



Trente-deux ans ! Trente-deux ans que Tatu Mukulu, lui fils d' « évolué », selon la carte d'immatriculation des indigènes « civilisés » de l'époque coloniale, vit en Belgique. Trente-deux ans qu'il s'est « intégré » : il a étudié et bu des chopes avec des « mundélés » ; il mange des frites, des carbonnades flamandes, voire des escargots et des cuisses de grenouille – qui n'ont rien à voir avec les chenilles de son Kasaï natal ! Trente-deux ans, malgré tous ses efforts, qu'il ne comprend pas les sempiternelles querelles qui opposent les deux ethnies principales de ce petit royaume : les Flamands - qui habitent les villages du Nord - et les Wallons – qui peuplent les contrées du Sud.

Les premiers parlent un drôle de dialecte : le néerlandais. Un dialecte tellement drôle que les chaînes de télévision flamandes sont obligées de sous-titrer les films en néerlandais provenant de leurs cousins des Pays-Bas (attention ! c'est un vrai pays, à ne pas confondre avec une zone géographique réputée difficile d'accès bien connue des « ambianceurs-sapeurs-dragueurs » Kinois).

Les seconds, à l'instar des Congolais, baragouinent une langue étrangère : le français. Ils la baragouinent merveilleusement que soixante-dix se dit septante et qu'un pistolet ne sert pas à trucider un adversaire politique qui vagabonde d'un parti alimentaire à l'autre ou un rival amoureux qui vient brouter dans son cheptel des bureaux ; non, c'est juste un petit pain délicieux que l'on peut prendre au petit déjeuner avec du fromage ou de la confiture.

Comme pour « couronner » le tout (n'oublions pas que nous sommes dans une monarchie) et pimenter davantage la situation, les politiciens de cet État 80 fois plus petit que la RDC, ont trouvé le moyen de pérenniser la bisbille entre les deux ethnies. Ils ont institutionnalisé une coutume barbare et rétrograde qui consacre l'absence d'intercompréhension mutuelle entre les langues, à savoir la frontière linguistique. Cette coutume remonte au IIIè siècle lorsque les Romains tolérèrent les Francs sur leur sol, à charge pour eux de protéger la frontière de l'Empire. Nous voilà donc, dans un même pays, avec trois territoires (dites plutôt régions ou communautés, cela passe mieux) séparés par des frontières linguistiques invisibles à l'œil nu.

Nous disons bien trois et non plus deux ! En effet, outre les deux ethnies principales se livrant régulièrement à une querelle de clocher, il existe les modestes tribus-catons de l'Est qui subissent, impuissantes, les dégâts collatéraux des revendications institutionnelles de deux autres. Alors, contre mauvaise fortune elles font bon cœur et jouent la neutralité suisse. Elles baragouinent aussi le français, mais se considèrent de fibre germanophone ! Cela nous donne, donc, trois ethnies : flamande, wallonne, germanophone. Et chaque ethnie reste maître chez soi et règle démocratiquement ses affaires avec son Ministre-président, son gouvernement et son parlement. « Une mauvaise idée », se dit Tatu Mukulu , si on devait l'appliquer au Congo avec ses 2.345.409 Km2, ses 200 à 450 (selon les sources) tribus et autant de langues : on ne compterait plus le nombre de Ministre-présidents-chefs coutumiers et leurs « bureaux ». Ce n'est pas tout ! Quant à la région de Bruxelles-Capitale (avec également son Ministre-président, son gouvernement et son parlement), c'est la bâtarde de différentes réformes de l'État : les idiomes du Nord et du Sud-Est y sont autorisés, comme au niveau des institutions fédérales, car chaque représentant ethnique s'y exprime dans son patois. C'est un droit inaliénable et un devoir imprescriptible pour respecter l'exception culturelle de chacun.

Alors, quelle tour de Babel ! Et quelle charge de travail lors des séances ministérielles ou parlementaires. Que voulez-vous ? Le temps de se faire traduire le dialecte soporifique du politicien de l'autre tribu ergotant sur « ces réfugiés économiques qui viennent d'Afrique prendre le pain et le travail de braves Belges par le biais du regroupement familial », ou «le rappel à l'ordre du prince Laurent qui se permet d'aller arroser (en pots de vin ? ) les forêts au Congo sans autorisation gouvernementale en pleine année électorale », l'heure tourne...

Mais, à l'instar de la ligne Maginot qui laissa la frontière belge sans protection en 1940, la frontière linguistique ne représente pas un système fortifié qui empêche des infiltrations ethniques indésirables. C'est ainsi que certaines tribus francophones font de la résistance, en territoire flamand, dans des îlots des « indignés » de la périphérie bruxelloise au sein desquels elles parlent leur langue et pratiquent leur culture. Un véritable crime de lèse-majesté qu'elles continuent à payer cher : depuis les dernières élections communales, en octobre 2006, elles n'ont toujours pas de chef de tribu attitré. Et pour cause ! Leurs trois bourgmestres, qui firent le malin en envoyant aux francophones des convocations électorales rédigées dans la langue de Voltaire, n'ont pas été reconnus par la tutelle flamande qui leur reproche de n'avoir pas utilisé la langue de Vondel. Peu importe que ces trois apprentis sorciers furent élus démocratiquement dans les communes dites, justement, à « facilités » linguistiques où chaque indigène a le droit d'utiliser le parler de sa tribu...

Et pour démontrer que l'on ne badine pas avec la frontière linguistique, si perméable soit-elle, le parti libéral flamand (devant la frilosité, réelle ou supposée, de ses frères de tribu) provoqua, le 22 avril 2010, la démission du gouvernement fédéral puisque la scission du désormais célèbre arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV) restait toujours lettre morte alors que la situation y est invivable depuis des décennies. Imaginez un peu le bordel ! Un arrondissement où chaque tribu parle son charabia : français, néerlandais ou anglais, passe encore ! Mais arabe, turc et, surtout, le lingala, non ! « On n'est plus chez nous », fulminent régulièrement les puristes flamands. Il fallait un électrochoc. Et, le 13 juin 2010, toutes les tribus du royaume accoururent aux élections anticipées pour extirper ce péril dans la demeure. On allait voir ce qu'on allait voir...

Et c'était tout vu ! Les tribus nationalistes du Nord plébiscitèrent Bart de Wever et son parti au programme séparatiste dont le nom ne fait aucun mystère à ce sujet : Alliance-Néo Flamande (Nieuw-Vlaamse Alliantie, N-VA). Les tribus du Sud, traditionalistes et conformistes, consacrèrent Elio Di Rupo et son Parti socialiste. Situation inédite et ingérable qui rendait le l'héritage du roi Léopold II ingouvernable (à moins d'un divorce pour incompatibilité ethnique irrémédiable), car les deux vainqueurs des élections peinent à former l'épine dorsale d'une majorité gouvernementale, leurs projets de société étant aux antipodes de la devise belge : « L'union fait la force ». Comment voulez-vous, pour donner un exemple bien connu des Shégués à Kin, faire cohabiter Joseph Kabila et Étienne Tshisekedi dans la même majorité présidentielle ?

Depuis lors, le pauvre roi Albert II ne cesse de se poser la même question : « Mais que, diable, suis-je venu chercher dans cette galère » ? Il a épuisé tous les grigris possibles et inimaginables reçus en cadeau lors de la cérémonie du « Cinquantenaire » de l'indépendance du Congo pour amener les partis politiques belges à former un gouvernement. Il a tout tenté en nommant un informateur le 17 juin 2010, un pré-formateur le 8 juillet 2010, deux conciliateurs le 4 septembre 2010, un clarificateur le 8 octobre 2010, un conciliateur le 21 octobre 2010, un informateur le 2 février 2011, un négociateur le 2 mars 2011 et un formateur le 16 mai 2011. Rien n'y fait, c'est toujours l'impasse : le pays est dirigé, depuis un an, par un gouvernement en affaires courantes. Tous ces « atermoiements funestes » (dixit le Roi Baudouin) rappellent furieusement, à Tatu Mukulu, l'époque de la longue « transition démocratique » au Congo-Zaïre. Tiens donc ! Peut-être que Congolais et Belges ont réellement un lien de parenté. Un tel air de famille dans l'art de négocier sans négocier ne pourrait être le fruit du hasard.

Oui, mais tout ce « potopoto » n'arrange pas les affaires de Tatu Mukulu. Il avait déjà préparé ses valises ; il comptait rentrer définitivement au pays afin d' offrir son expertise démocratique, acquise chez les « nokos », à ses frères bantous. Là, il n'a plus le choix. Puisqu'il existe des Belges qui se vantent d'être « spécialistes du Congo », il tient à devenir le premier Congolais « spécialiste de la Belgique ». Après le Droit, les Relations internationales, les Sciences politiques, les Sciences économiques - études toutes sanctionnées par une « Grande distinction » - il va s'inscrire à l'  « Université des affaires courantes » en Flandre et en Wallonie. Qui sait ? C'est une expérience qui pourrait servir après les élections congolaises prévues au mois de novembre...
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Polydor-Edgar M.M. KABEYA est membre de l'UPF (Union internationale de la presse francophone), section Belgique.
Polydor-edgar-Kabeya.jpg

Il est le rédacteur en chef de la revue « Palabres » (Éditions L'Harmattan, Paris)


Pour accéder à un autre article dans lequel Polydor-Edgar M.M. Kabeya (alias "Double M") pose un "regard congolais" sur la Belgique et, plus particulièrement, sur la "coopération au développement", cliquez sur:







 

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* Pour accéder aux autres autres entreprises du groupe Jodi, cliquez sur:
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  ("Jodi le broc") et
http://jodi.over-blog.net/article-restez-bien--39731236.html
(dernière dépêche, diffusée en novembre 2009, du blog de Jodi sous son ancienne forme)

 

 

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Profil



 Didier de Lannoy
 delannoydidier@gmail.com



Après avoir, au Congo, mis le feu à tous ses manuscrits comme on brûlerait ses vaisseaux, Didier de Lannoy, en rentrant de son très long séjour africain, s’est dit qu’il était temps désormais de retrouver le chemin de l’écriture.
Après quelques nouvelles publiées dans diverses revues et un premier roman dont le titre provocateur (« Le cul de ma femme mariée ») prouvait que son auteur n’avait pas l’intention de rejoindre le club des écrivains bien pensants, Didier de Lannoy rédigea une première version de « Jodi, toute la nuit » qui fut adaptée à la RTBF par Violaine de Villers. Lors de cette expérience radiophonique, la comédienne Yolande Moreau interpréta le personnage de Jodi que l’on retrouve avec infiniment de plaisir dans ce roman étrange à plusieurs voix dont le style semble s’improviser au rythme d’un blues obsédant...

Alain Brezault

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