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17 août 2011 3 17 /08 /août /2011 11:55

 

JODI, LE BROL

Le blog de Jodi ("Jodi le blog") est devenu, depuis janvier 2011, une lettre d'information: Jodi le brol*
Lettres d'information (soki News of the World... soki mabanga !)

Didier de Lannoy
2011


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Après un "regard" des gens de Matonge sur leur vie à Bruxelles

Polydor-Edgar M.M. Kabeya
propose de diffuser un autre "regard" (on relèvera que ces deux regards coexistent... mais qu'ils ne se croisent jamais: eux chez nous... sans nous et nous chez eux...  sans eux... et ça vaut dans les deux sens)
celui d'un coopérant belge sur sa vie à Kinshasa


Juste des "Coopérants"... Pas des Saints !

un témoignage de
François Defourny
ancien coopérant belge en RDC


Je

- Ouais... C'est cromignon, comme dirait ma petite fille Loïle... mais un peu (beaucoup !) naïf, non ? empreint de "bons sentiments" et plein de "bonne volonté"... mais** ne remettant pas vraiment en cause le "système", non ?

diffuse


ddl

alias VbD 

** A l'époque coloniale aussi, il arrivait que des "idéalistes"ou des "aventuriers au grand coeur" suivent des cours
- On leur apprenait, notamment,
comment obliger des agriculteurs indépendants à vendre leurs terres et/ou leur force de travail à des "allochtones" (colons ou exploitants miniers) via la perception, avec l'aide de la force publique (chargée de procéder à l'arrestation des récalcitrants et/ou de leurs proches, d'entraver les membres des réfractaires et de jeter les insoumis au boloko, d' administrer la chicote aux rebelles devant leurs parents et leurs voisins, obligés d'assister au spectacle etc), d'un impôt de "capitation", rebaptisé ensuite CPM ? On leur enseignait  comment s'assurer de l'exécution par les communautés villageoises de travaux et de cultures "obligatoires" au bénéfice d'une économie coloniale d'exportation (et au détriment, bien sûr, des productions vivrières locales) ? On leur inculquait  dans quelle mesure et avec quelle fermeté réprimer les danses "indigènes" déclarées "obscènes" par des prédicateurs barbus de différentes sectes chrétiennes d' importation ? On leur disait à quelles femmes  imposer (à toutes les femmes, évidemment ! ... à l'exception des étudiantes cartées, des nonnes cartées et des épouses chrétiennes cartées) une visite prophylactique mensuelle? On leur exposait comment, via un système de "passeports de mutation", restreindre drastiquement le droit des habitants de se déplacer sur la terre de leurs ancêtres et de traiter ou de développer des échanges avec leurs voisins proches ou lointains ? On leur signalait la possibilité d'accorder un statut d' "évolué" à quelques rares "collaborateurs",  particulièrement dociles et obséquieux, de l'occupant étranger ?

d' "Administration du territoire" à l'Université coloniale d'Anvers... et les missionnaires
- Dans la plupart des "familles nombreuses" chrétiennes (flamandes, francophones ou germanophones) de l'ancienne Belgique, il y avait toujours un "oncle missionnaire" au Congo (super Noko !), non ? Ce n'est pas Lieve Joris qui me contredira !
n'étaient pas tous  (tout en même temps !) des "croisés obscurantistes et intolérants", des "paysans sans terre" originaires des régions arides de l'Ardenne ou du Limbourg qui rêvaient de devenir les princes-évêques de fazendas chrétiennes (des missions-paradis terrestres où une main d'oeuvre de serfs endoctrinés était invitée à travailler, en chantant et presque gratuitement, pour la plus grande gloire de Dieu... et de ses prêtres)... ou de sinistres pépères pervers  !

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Juste des « Coopérants »... Pas des Saints !

 

François DEFOURNY

Coopérant belge en RDC

 

Voilà maintenant deux ans que je suis à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, pour cette grande entreprise que l'on appelle « Coopération au développement ». Dans ce pays sous perfusion – où tout est à reconstruire – nous sommes nombreux à travailler dans le domaine. Par la force des choses, j'ai rencontré, ici, des dizaines de coopérants de tous les horizons. Ils ne sont généralement pas là depuis longtemps. On trouve rapidement le temps long dans la coopération. Souvent, nous avons échangé à propos de nos motivations. Pourquoi s'exiler, ainsi, dans un pays a priori difficile ? Quelles raisons président à un tel engagement ? Peut-être, est-ce le moment de faire le point sur la question.

 

Avant de prendre l'avion, je pensais naïvement que tous les coopérants étaient, grosso modo, faits du même moule : des aventuriers au grand cœur. Des personnes désintéressées, prêtes à prendre des risques pour aider leur prochain. A mes yeux, les coopérants étaient idéalistes, charitables... forcément ! Je me suis rendu compte que la réalité était plus nuancée.

 

La coopération est, finalement, un métier (presque) comme un autre. Comme ailleurs, on y rencontre toutes sortes de profils, de parcours et d'aspirations. La générosité n'est qu'un ressort parmi tant d'autres et les coopérants ne sont pas nécessairement des « super altruistes ».

Dans le chef des individus comme des institutions, il peut y avoir des motivations très diverses à « faire » de la coopération. De la part des États occidentaux, il est évident que l'aide au développement n'est pas désintéressée. Elle répond, au moins, autant à une stratégie politico-économique qu'à qu'à un souci de solidarité des opinions publiques. Rares sont les bailleurs des fonds dont l'unique préoccupation est le bien être des populations.

 

Au niveau des individus qui s'engagent sur ce terrain, la réalité n'est pas plus idyllique. Les motivations des « bienfaiteurs » peuvent être tout aussi ambiguës. Certains, pas nécessairement les plus jeunes, atterrissent ici par convictions avec l'espoir de servir une noble cause. D'autres, en quête d'exotisme, souhaitent simplement pimenter une fin de carrière bien remplie. D'autres encore y verront un tremplin professionnel, une aventure ou un exil doré pour reconstruire leur vie. Le plus souvent, le désintéressement semble s'éroder avec le temps. Mais, n'est-ce pas naturel ?

 

Il est vrai que la rémunération et les conditions de vie offertes aux expatriés en attirent plus d'un sous les tropiques. La coopération prend parfois des allures de jackpot dans les agences internationales. L'Union européenne et les nations-Unies rivalisent d'avantages et privilèges pour attirer les plus qualifiés. Les experts trois étoiles ! Se voir offrir une villa à 5.000 dollars par mois y est considéré comme normal. Gros salaires, primes de risque et de pénibilité, avantages en tout genre (billets d'avion, loyer, frais de représentation, gardiennage, frais scolaires, duty free, per diem, R&R...). Conséquence, l'opportunisme fait – ici comme partout – beaucoup d'ombre à l'idéalisme.

 

Tous les expatriés ne sont pas logés à la même enseigne. Il existe de grosses disparités et certaines ONG refusent cette surenchère matérialiste. Mais il faut admettre que, pour la majorité d'entre nous, le niveau de vie dans les capitales africaines reste largement supérieur à celui que nous pourrions espérer en Europe. En tant que volontaire, je suis dans le bas de la fourchette. Je gagne moins qu'en Belgique et je partage ma maison avec trois autres personnes. Mais un gardien ouvre mon portail quand je rentre à deux heures du matin ; une fille de mon âge range ma chambre, fait ma vaisselle et nettoie mon linge. Un jardinier s'occupe de mes fleurs et une autre personne de ma piscine... J'ai 26 ans ! C'est surréaliste. C'est Kinshasa. C'est l'Afrique...

 

Un autre aspect de la vie de coopérant me semble déterminant, même s'il paraît un peu moins évident que les convictions ou les avantages financiers : c'est la reconnaissance sociale ! Tout d'abord, « coopérer » est un job valorisant. Malgré les défauts du système, on est généralement accueilli comme le Père Noël sur le terrain. Plus l'endroit est enclavé, plus la visite tournera à la fête pour les personnes rencontrées. Dans certains quartiers ou villages reculés, quelques centaines de mètres à pied se transforment rapidement en cortège rythmé par des chants de remerciement. Tout le monde veut serrer la main du Blanc, poser sur une photo avec le « bienfaiteur » ou le « mécène ». Cette reconnaissance est évidemment excessive, mais il est difficile d'y échapper.

 

Ensuite, être Blanc à Kinshasa confère un statut social très particulier. La peau blanche est un passeport, un passe-droit qui vous ouvre toutes les portes et inspire le respect. Quels que soient votre âge, vos compétences ou votre revenu, vous vous retrouvez artificiellement propulsé dans les hautes sphères de la société locale. Le Blanc, c'est forcément le riche, l'expert ! Je ne suis ni l'un ni l'autre. Si seulement ils savaient... Des policiers me saluent dans la rue comme un officier et les portes s'ouvrent devant moi comme pour une autorité. Cercles privés, ministères, grands hôtels, etc., je rentre (presque) comme chez moi dans ces lieux où les Congolais eux-mêmes doivent montrer patte... blanche ! Cette reconnaissance-là est aussi frauduleuse. C'est du racisme à l'envers...

 

Enfin, il y a la perception de notre travail depuis l'Occident. Pour de braves gens, les coopérants sont des Robin des bois, des gens dévoués et courageux. A travers leurs campagnes de publicité, les ONG véhiculent cette image positive du coopérant. Les médias en font de même. Pour notre arrivée au Congo, RTL avait diffusé un reportage nous présentant comme les dignes successeurs de Mère Teresa et de Sœur Emmanuelle : des missionnaires de temps modernes partis pour sauver l'Afrique ! Cette reconnaissance est tout aussi excessive que celle des villageois africains.

 

Être coopérant, n'est donc pas un sacerdoce. C'est un travail rémunéré (souvent très bien !) qui procure, de surcroît, quantité de satisfactions personnelles. Il comporte bien quelques risques et désagréments, mais les compensations restent bien plus importantes. Être coopérant représente donc une chance. Mon travail est d'aider les autres. J'ai la joie de donner du sens à mon boulot, le bonheur de découvrir une autre culture et le plaisir d'apprendre tous les jours.

 

Être coopérant, c'est bien plus un rêve qu'un sacrifice...

 

 

Cet article est extrait de la revue « Palabres » N° 11 :

« Congo (RDC) – Belgique : Enfin des relations égalitaires ?

(Éditions L'Harmattan, Paris, 86 pages, 11 euros)

Rédacteur en chef : Polydor-Edgar M.M. KABEYA

 

Infos :

www.editions-harmattan.fr

diffusion.harmattan@wanadoo.fr

 

 

François Defourny est arrivé à Kinshasa en 2005 et travaillait pour la CTB (Coopération technique belge). Il avait créé un site « Du Cabiau à Kinshasa » sur lequel il publiait ses impressions et opinions sur la coopération et les coopérants. Un site fort visité et qui rencontrait un succès indéniable par son ton fort éloigné des discours officiels - politiquement corrects et idylliques sur les « bienfaits » de la coopération « en faveur des populations africaines démunies ». En novembre 2007, M. Defourny mit fin à son site pour des raisons, expliquait-il, « indépendantes de ma volonté ». Comprenne qui pourra...novembre...
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Polydor-Edgar M.M. KABEYA est membre de l'UPF (Union internationale de la presse francophone), section Belgique.
Polydor-edgar-Kabeya.jpg

Il est le rédacteur en chef de la revue « Palabres » (Éditions L'Harmattan, Paris).

Pour accéder à différents autres articles, dans lequel Polydor-Edgar M.M. Kabeya (alias "Double M") pose un "regard congolais":

- sur les "querelles ethniques belges", cliquez sur:

http://jodi.over-blog.net/article-polydor-edgar-kabeya-ah-ces-querelles-ethniques-belges-80703876.html


- sur la "coopération au développement", cliquez sur:

http://jodi.over-blog.net/article-polydor-edgar-kabeya-en-afrique-le-cooperant-a-l-aide-au-developpement-est-un-expatrie-76471271.html

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Toujours à propos de la "coopération au développement", quelques autres liens utiles:

 

 
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* Pour accéder aux autres autres entreprises du groupe Jodi, cliquez sur:
http://jodi-book.over-blog.com/
  ("Jodi le book") et
http://lacarcasseetlesos.blogspot.com/
  ("Jodi le broc") et
http://jodi.over-blog.net/article-restez-bien--39731236.html
(dernière dépêche, diffusée en novembre 2009, du blog de Jodi sous son ancienne forme)

 

 

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Profil



 Didier de Lannoy
 delannoydidier@gmail.com



Après avoir, au Congo, mis le feu à tous ses manuscrits comme on brûlerait ses vaisseaux, Didier de Lannoy, en rentrant de son très long séjour africain, s’est dit qu’il était temps désormais de retrouver le chemin de l’écriture.
Après quelques nouvelles publiées dans diverses revues et un premier roman dont le titre provocateur (« Le cul de ma femme mariée ») prouvait que son auteur n’avait pas l’intention de rejoindre le club des écrivains bien pensants, Didier de Lannoy rédigea une première version de « Jodi, toute la nuit » qui fut adaptée à la RTBF par Violaine de Villers. Lors de cette expérience radiophonique, la comédienne Yolande Moreau interpréta le personnage de Jodi que l’on retrouve avec infiniment de plaisir dans ce roman étrange à plusieurs voix dont le style semble s’improviser au rythme d’un blues obsédant...

Alain Brezault

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